Si petite..
Il y a des années en arrière, je vivais un profond chagrin dans mon cœur. Rien ne pouvait m’en sortir.
Le chant des oiseaux apaisait un instant le cri sourd d’un désespoir,
cadavre encore chaud d’un désir qui n’avait jamais atteint sa cible.
La souffrance s’accrochait aux atmosphères confinées d’un vieux moi, qui sonnait le glas de ses multiples habits défraîchis.
Une Suffocation intense, dans les plis de mon être.
Rien n’y faisait..
J’étais sur le canapé, abandonnée à je ne sais quoi vraiment,
l’appel de l’infini ou des abysses.
Tout appel était mieux que l’enlisement.
Il faisait bon, c’était le printemps.
De la porte d’entrée entrebâillée, j’entrevis mon chat jouer avec une petite souris.
Lui, il jouait, dans la spontanéité de ses élans, mordait la vie de cette petite créature, sans voler la Vie.
La vie coule , chacun l’attrape à sa manière.
Je me suis levée pour essayer de sauver cette petite souris.
Elle était dans le couloir, sidérée , je pouvais percevoir son petit cœur battant.
Je poussais mon chat dehors afin d’attraper le petit être.
Elle se dressa sur ses 2 pattes arrières, dans un ultime effort désespéré.
Celui de la vie, celui d’un ressort mystérieux, scellé au fond de sa substance palpitante.
J’étais face à elle: une souris immense dans sa détermination et si petite par sa vulnérabilité.
2 petits poings elle me tendit, me faisant face de tout son être,de toute la certitude qu’elle n’avait plus rien à perdre.
Si petite..et si forte.
Je la vois encore, je me vois encore à travers elle.
J’ai fondu en larmes, un fleuve immense de larmes qui ne tarissait pas.
Je me voyais en elle, je me reconnaissais dans cet immense désespoir, et dans une volonté ultime qui pointait sa totalité vers une direction Une.
Je voyais comme la fronde des condamnés, défiant une dernière fois le bras armé de la fatalité.
Et une porte s’est ouverte en moi, mon cœur a brisé les gonds de l’enfermement.
J’ai Connu alors,
j’ai baigné dans les profondeurs de l’intimité la plus amoureuse, imprégnée dans les plus infimes strates de mon être, d’une joie jouvence, fraîche comme le frôlement d’un battement d’ailes , comme le frôlement des voiles blanches de la destinée, doux comme la caresse d’une main qui ne reprend jamais, immense comme la plongée d’une sonde dans l’insondé.
La porte ne s’est jamais refermée. J’ai retroussé mon être, j’ai enfilé le manteau de l’âme sur mon corps rendu à une sensibilité extrême, et j’ai offert cette sensibilité aux bras de l’Eternite et de l’Amour.
Rien ne sera jamais plus comme avant.
L’avant s’est offert au doigt de la promesse du Devenir, brûlé et alchimisé dans le foyer du cœur.
Elle est partie libre, dans la nature de sa nature,
Une petite souris..