Grâce à Elle j’ai compris dans mon corps, grâce à Lui j’ai pu quitter le monde et ses sollicitations, pour y revenir, l’embrassant dans sa totalité.

Qui sont Mirra Alfassa et Sri Aurobindo?

 

Je pourrais faire une description bibliographique de Sri Aurobindo et de Mira Alfassa, mais là n’est pas l’intérêt. Une histoire en fait, n’a ni commencement, ni fin, elle est la conscience qui se regarde entre deux extrémités.
La Mère ( Mira Alfassa) et Sri Aurobindo portent cette histoire, l’histoire de l’humanité, l’histoire du monde, jamais commencée, jamais finie:eux, les 2 pôles du Divin, eux, les portes de l’Absolu et des infinis possibles.
« II n’y a pas de différence entre le chemin de la Mère et le mien; nous avons et avons toujours eu le même chemin, le chemin qui conduit au changement supramental et à la réalisation divine. » Sri Aurobindo.

 

Mirra Alfassa: La Mère

 

L’un et l’autre étaient issus d’horizons très différents.
Mère est née en France en 1878, d’un père turque et d’une mère égyptienne.
Toute branche de connaissance était motif à champ d’expériences, donnant à son impatience et son refus du conformisme, la possibilité de rencontrer les frontières dans le temps et l’espace. Ses facultés spirituelles et sa lucidité étaient déjà très grandes.
Chaque moment était là pour apprendre le vrai monde, Être à chaque moment et en tout, en saisir la vibration, se heurter, s’égratigner à chaque contact avec la réalité dans sa plus grossière manifestation.
Elle n’avait de cesse de creuser la matière par l’art, la peinture, la musique, fréquentant le tout Paris mondain et culturel de Rodin, Matisse, Moreau, César Franck, Camille Saint Saëns; elle était aussi l’amie de Alexandra David-Néel, Anatole France. Bref, elle traversait Paris, et on se souvenait de son passage, elle qui devenait ce qu’elle voyait, qui entrait en tout. Rien n’était  banal, c’est ce qui restait à découvrir.
Creuser toujours plus profondément, avec le coeur et la main de la Conscience, creuser pour dissoudre toutes les croyances et les fantômes; car au final, derrière tous les sens physiques, il n’y a qu’un seul organe: LA CONSCIENCE.
Elle déconstruisait  chaque infini brin des apparences pour en extraire la vibration. Sa quête était insatiable mais la laissait toujours sur la faim: elle voulait découvrir le secret de la matière, pas celui des scientifiques, mais celui qui précède ou devance les temps de l’histoire de l’homme. Le temps qui du reste, comme elle le dira, est peut-être juste la lenteur de l’inconscience.
Elle étudia l’occultisme avec Max Théon et sa femme Alma en Algérie, ces derniers confirmant ses pouvoirs exceptionnels.
Alma Théon avait reconnu en elle « l‘image humaine du Verbe impérissable »: la Vibration, comme puissante concrétisation dans le Tout Illimité.
Après 2 mariages et une première rencontre avec Sri Aurobindo qu’elle reconnut pour l’avoir vu en vision plus tôt, elle s’installa définitivement en 1920 à Pondichéry auprès de lui. Il l’identifia comme l’aspect dynamique de la Force divine, traditionnellement  connu sous le nom de la Mère divine ou Shakti divine.
Là elle commença réellement son travail: découvrir les secrets du corps, de la matière, en visitant chaque couche du corps subtil, jusque dans le corps grossier, découvrant ce même rayon, de la même Shakti, pur, libre, vaste, partout le même. Une véritable scientifique, cartographe des vibrations de l’être, des chakras, des enveloppes subtiles, dans un seul « véhicule »: la Divine Shakti, le Pouvoir divin de manifestation.
Evidemment, il y a l’ashram de Pondichéry qu’elle dirigera en donnant une forte impulsion à l’organisation matériel. Il y a Auroville qu’elle conçut, une ville expérimentale qui devait incarner un nouveau modèle de vie individuel et collectif, préparant le chemin vers un futur plus lumineux. Par elle, la spiritualité devenait incarnée. Le titre du livre de Satprem s’intitulant: « Mère, Le Matérialisme Divin » résume parfaitement la direction de l’oeuvre de Mère.

 

Sri Aurobindo

 

Sri Aurobindo né à Calcutta en 1872, est envoyé en Angleterre pour faire ses études; Il resta pendant ce temps complètement coupé de sa culture natale. Son père voulait en faire un parfait gentleman.
Extrêmement brillant, il devint un lettré classique, philosophe et poète exceptionnel.
Il retourna en Inde après ses études et devint l’un des principaux fondateurs du mouvement indépendantiste indien. Son unique objectif était de faire rentrer dans l’esprit des indiens la ferme volonté de liberté, et les pousser à passer à l’action. Il fut arrêté et incarcéré, et là commença réellement son chemin spirituel, lui, l’agnostique  indifférent à la religion. Sa voix intérieur le guida jusqu’à Pondichéry où il se donna entièrement à sa vie spirituelle.
Avec Sri Aurobindo, ce sont des milliers d’écrits.. Pour certains, ils sont parfois vus comme de la métaphysique, mais c’est bien plus, ils sont l’expression de la Conscience dans l’Essence de Pure Félicité, Pure Conscience, Pure Existence.
Sri Aurobindo, comme Mère, ne s’arrêtait nulle part dans la recherche de vérité.
Une vision, inlassablement ouverte.
Son point de départ, c’est le Védanta avec l’idée première que tout est Brahman: Brahman est au centre.
 » il est l’Alpha et l’Omega, il est l’Un en dehors duquel il n’est rien d’autre qui existe ».
Sat Chit Ananda: Être Conscience et Félicité.

 » Il est le créateur et le monde qu’il créa,
Il est la vision et il est le voyant;
l est lui-même l’acteur et l’acte,
l est lui-même le connaissant et le connu,
il est lui-même le rêveur et le rêve. » Savitri ( poème mystique et épique de Sri Aurobindo)


Il lui paraissait évident que l’évolution devait forcément contenir et manifester un jour les 3 attributs divins: Sat Chit Ananda.
Le développement spirituel  de Sri Aurobindo passa d’abord par la communion divine et la réalisation spirituelle jusqu’alors suivi par la tradition en Inde, pour l’élargir à l’expérience plus intégrale de l’union et l’harmonisation de l’Esprit et de la Matière, de la descente de la Lumière, de la Félicité, de la Puissance du Divin, pour la transformation de la Vie.
Il a toujours défendu l’idée que la vie et le monde n’étaient pas une pure erreur ou illusion, mais qu’ils étaient le théâtre évolutif spirituel où l’inconscience la plus grossière devait révéler Sa Pure Conscience Force de Vérité.

 

Le Laboratoire et le yoga intégral

 

En 1920, le vrai travail commençait à l’ashram de Pondichéry, qui n’était nullement un ashram comme on l’entend, mais un véritable laboratoire, creuset de l’élaboration des possibilités du nouvel homme.
 » Chacun ( à l’ashram), représente à la fois une possibilité et une difficulté spéciale qu’il faut résoudre. ».
Il était envisagé « la transmutation alchimique de toute l’existence intérieure et extérieure ».
Le yoga  intégral de Sri Aurobindo s’élaborait dans la matière et la vie ordinaire. Il disait du reste que son yoga commençait là où les yogas précédents finissaient. Le travail ne consistait pas seulement à faire descendre le Divin mais de prendre sa part de fardeau, jusqu’à embrasser toutes les misères de l’humanité en en faisant l’expérience, en se confrontant aux plus indicibles obstacles et adversités: Faire l’expérience  d’une nouvelle Réalité et vaincre l’ancien monde.

 

Pourquoi lire Sri Aurobindo et La Mère?

 

Parler de Sri Aurobindo et La Mère, c’est parler de l’histoire du monde, c’est parler du passé évolutif et du devenir inscrit dans les couches géologiques de l’humanité et de la matière. C’est parler d’une relation au monde qui ne soustrait rien, c’est parler du Divin et de chacun en le divin, c’est parler de soi comme extension individualisée du Divin.
Leur travail ne consistait pas à développer un super pouvoir pour défier la mort dans la matière, comme le recherchait l’occultiste Max Théon, mais explorait une nouvelle évolution naturelle de la Nature terrestre, non surnaturelle. Le pouvoir arbitraire devait être abandonné pour laisser couler la seule et unique Force.
Cette force dont ils parlent est une force réelle et concrète. Elle est celle qui déploie le monde et le manifeste.
Devenir maître de celle-ci, n’est pas devenir maître du monde, mais devenir maître de soi et du monde à travers Elle, la Divine Force.
Rien ne nous appartient, si ce n’est la possibilité de s’offrir à Elle, ou pas. Notre libre arbitre est un leurre, tant que l’on reste inconscient. Un choix qui se leurre dans le reflet de son aveuglement et de ses limitations, par défaut de plus de clarté, de plus d’amour, de plus de vie.
Au final, c’est toujours la même chose, tant que l’on reste dans le « bocal », on respire le même air vicié, un air hérité d’un passé non régénéré et déjà mort.

Il ne s’agit pas de  fuir la condition de l’incarnation sur terre, ni de se couper du terreau de notre histoire, mais de l’éclairer, afin d’en saisir la substance vibrante, les expériences métabolisées par la conscience, et la purifier des scories déposées sur les âges, en faisant oeuvre de don à l’Athanor de notre Coeur.

Notre vie, notre personnalité ne sont pas des étrangères éphémères dans une vastitude impersonnelle, elles recèlent profondément en leur sein le secret de l’existence.
Quand on goûte cet autre air plus vaste, on réalise la petitesse du vêtement de notre corps, de nos habitudes physiques et mentales, de notre handicap à aimer pleinement. Alors une urgence surgit en soi, large et vibrante, prêtre à croître dans ce devenir scellé dans les profondeurs de notre être.
Pouvez-vous imaginer un élan plus puissant que n’importe quelle impulsion ou désir personnel, qui n’enlève rien à notre liberté, et qui bien au contraire la révèle, brisant toute séparativité?
Pouvez-vous concevoir un don de Soi intégral avec l’évidence intérieure comme seule curseur?

La première fois que j’ai ouvert « La Vie Divine » de Sri Aurobindo, j’ai dû me poser car j’ai senti ce qu’il appelle une descente du Divin; j’étais imprégnée par ce qui coulait dans ses mots, une goutte d’infini, de félicité, de lumière, imprimant, creusant, illuminant des voies, des canaux en moi, dans ma conscience, dans mon corps subtil, dans mon corps physique, et qui allaient petit à petit s’élargir, prendre en intensité, en densité de conscience, éclairer, et apporter une joie intérieure sereine, profonde et jamais vécue jusqu’alors.
Ce n’était pas seulement des états intérieurs d’extase du coeur, mais une purification et déconstruction de la conscience, sur toutes ses strates jusque dans le corps biophysique. Et je peux dire que ce n’est pas toujours confortable, tous ceux qui le vivent pourront en témoigner. C’est un peu s’ouvrir aux possibilités d’une re-création constante du corps, dans le corps subtil déjà, puis lorsqu’il est prêt à contenir, dans le corps. Mais la conscience mentale du corps physique, elle, est plus coriace, elle croit à sa mort, elle croit à ses automatismes, elle croit , parce que des milliards d’années d’inconscience crasse lui sont passées dessus, et l’ont peut-être programmé comme ça.
Aujourd’hui, une personne me disait qu’elle pensait avoir un cancer; je lui ai demandé pourquoi? elle m’a dit que c’était la mode.
Alors, croyons tant que nous voulons, nous sommes sûres d’y succomber.
Sri Aurobindo et Mère, ce sont les témoins de la Vérité à travers les âges, ceux qui déconstruisent le mensonge de l’histoire. Ils sont les garants entre l’avant et l’après, les Passeurs de Vie, les résistants au totalitarisme de la pensée qui veut nous extraire du lien, de la relation, de notre humanité. Ce sont les garde-fous contre tout système contre nature. anti-vie.

En m’ouvrant à  l’influence de Mère et Sri Aurobindo, je me suis ouverte au Divin.
Moi qui était réticente à toute religion, j’ai découvert ce qu’était la vraie spiritualité, celle qui emmène le quotidien, les autres, celle qui prend la vie de tout le monde, qui la pétrit comme une pâte, dans les conditions de chaque époque.
Et ce qui est fabuleux, c’est que j’abandonne sur ce chemin tout ce qui m’est superflu, tout ce qui m’encombre, en gardant un pied plus ferme encore dans le quotidien.
Et dans cette humanité que je perçois avec encore plus de lucidité et de sensibilité, un monde en friche et désaccordé, un tableau mal fini, surgit en moi un immense besoin d’harmonie, un besoin de respirer un autre air, plus léger, plus lumineux, plus beau.
C’est bien plus qu’une position mentale, c’est un point de retournement dans la conscience et le corps, qui me fait trouver une autre position à partir de laquelle j’embrasse la réalité. Il reste à stabiliser cette place occupée par la conscience, jusqu’à se ressentir pleinement Elle, la Divine Mère, sans jamais s’identifier à elle, en se laissant élargir et agir, par Elle, dans une Félicité sans blessure.