La terre que je laboure est la mienne,
Je l’ai déjà découverte terre vierge et incandescente de joie,
Puis l’éveil soudain au frottement de la réalité monde, m’en a fait constaté
ses bourres de sensations échauffées de bosses, de creux, de noeuds, de contractions,
de cavités qui ne se disent pas, d’obscurité, de cruelles impulsions, d’envies larvées, de pressions suffocantes,
sous le mors d’un regard qui ne savait pas,
Je l’ai déjà découverte être le jaillissement d’un bec de gaz qui pulse sa joie d’être, sa volonté d’exister, sa soif d’expérimenter, sa faim d’être possédée par ses désirs,
être des cavalcades impétueuses fixées sur des horizons luxuriants.,
Je l’ai découverte chaude comme une pulsation d’émoi qui étreint la vie qui ne s’arrête jamais, déployant, faisant résonner le corps harpe de notes sensibles.
Je l’ai découverte froide comme un tison, brûlé par le gel des émotions et l’effroi de ce qu’elle ne connaissait pas.
Des murs de pleurs retenus, des rires éventrant les digues des conventions, des nues dans les vagues à l’âme dorées par le Soleil central.
Je l’ai découverte récitant le mantra de la Terre Mère chaque matin, s’arquant sous les premiers raies du soleil levant,
communiant avec une Sagesse infinie.
Je l’ai découverte dans ses infinies faiblesses qui me faisait porter lourd ce fardeau, habillant mon front de l’orgueil de me sentir différente et non de ce monde.
J’ai couru les artifices du monde, brisé à maintes fois mes illusions, semer des cimes dans les hauts lieux de mes profondeurs opaques.
J’ai porté les voiles les plus denses de la matière, défroquant mes idéaux de pucelle de l’âme, éprouvant mes certitudes, et les arpents candides de pureté.
J’ai regardé le divin dans les yeux, je m’y suis baignée en me détournant des pierres trop dures de la réalité,
et il m’a ramené dans les eaux terreuses de mes ombres, m’obligeant à creuser mon ascension dans mes douleurs purificatrices.
J’ai marché longtemps dans une nuit sans silence, bruyante comme un étal de nourritures riches, capiteuses, avariées par leur outrance à s’exhiber dans l’haleine fétide d’une vie non encore née.
J’ai meurtri l’articulation de mes tentatives infructueuses, désireuses et désirant sur la corde des abimes, harponner ce qui me paraissait au delà de moi-même,
J’ai chuté mainte fois, déshabillé mon orgueil, anoblissant petit à petit ma nudité vraie.
Éveil à l’épreuve de mille éveils, douloureux dans leur accouchement,
plongeant dans le limon de terres qui se débattent,
précieuses de ressources insoupçonnables,
brisant les sceaux de la nuit aux clartés de renaissance.
J’ai pétri ma terre, la saisissant plus intimement pour mieux la connaître, consolant ce qui n’avait pas de Foyer,
berçant une matière méprisée et cependant si lourde d’abondance.
J’ai compris peu à peu, et supporté alors encore plus,
J’ai appris à l’aimer dans ses oripeaux d’hier déjà bien échu.
Je me suis agenouillée sur elle, je me suis unie à elle, révélant la Présence dans ma nudité.
Je me suis agenouillée pour Elle, ma Divinité intérieure, parce que Elle est moi en Elle.
La terre que je laboure est la mienne en Elle
Le Divin n’est nul part ailleurs qu’ici, loin de la geste simiesque du monde, loin de nos quêtes fiévreuses, et pourtant éperdument en relation avec ce monde malade,
parce que ce monde est fait de l’argile de notre propre argile,
celui que nous apprenons à habiter en conscience, pour l’illuminer dans sa forme en chemin,
En notre propre corps.
IL est là profondément en nous, dans notre for intérieur, dans les fascias de nos crispations et des territoires insondés.
Comment pourrions-nous prendre conscience de l’origine de Toute chose, si nous n’en prenons pas conscience en nous -mêmes?
» Je suis en toute chose et en chaque être »
Au delà de l’Union, une identité véritable,
dans chacune des particules de notre corps Animé.









